Un rapport des Services économiques TD montre que les femmes avec de jeunes enfants se joignent à la population active en grand nombre depuis la pandémie. Francis Fong, économiste principal à la TD, explique à Kim Parlee que la disponibilité des services de garderie abordables et qu’un modèle de travail hybride offrent aux femmes plus de possibilités de carrière.
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Selon un nouveau rapport des Services économiques TD, les femmes ayant de jeunes enfants se joignent à la population active en grand nombre depuis la pandémie. Depuis 2020, on parle d’environ 111 000 femmes. Et il y a des statistiques très intéressantes et des raisons pour lesquelles cela se produit.
Francis Fong est économiste principal à la TD et un des auteurs du rapport. Francis, je suis heureuse de vous voir. Entrons dans le vif du sujet.
Le rapport, qui était, si je puis dire, assez impressionnant, soit dit en passant, un très bon rapport, s’appelait « L’écart entre nous ». Il met en évidence quelques tendances intéressantes qui aident les femmes ayant de jeunes enfants à intégrer le marché du travail. Et vous et moi on discutait pendant la pause, et c’est simplement de revenir à la base, je veux dire, de leur fournir ce dont elles ont besoin.
Alors donnez-moi seulement un aperçu de ce que le rapport a montré.
Oui. Vous avez déjà mis le doigt dessus. 111 000 femmes supplémentaires sur le marché du travail, ça représente une hausse de quatre points de pourcentage du taux de participation à la population active, ce qui est absolument énorme. Mais cela représente aussi une accélération très marquée du taux de participation des femmes ayant de jeunes enfants au marché du travail. C’est à peu près le double de ce qu’on a vu au cours des trois dernières années.
Et, évidemment, on attribue ça à deux facteurs. Le premier c’est, bien sûr, l’augmentation du travail à distance, mais, de façon plus générale, la souplesse en milieu de travail depuis la pandémie. Mais à long terme, on a observé une sorte de hausse du taux de participation des femmes ayant de jeunes enfants au fil du temps, ce qui, selon nous, est attribuable aux efforts déployés par chaque province pour améliorer en quelque sorte l’accès à des services de garderie abordables.
Des provinces comme le Québec, la Colombie-Britannique et l’Alberta ont toutes fait des efforts dans le passé... eh bien, au Québec, cela fait un bon moment, mais plus récemment en Alberta et en Colombie-Britannique. Et ces efforts-là ont eu un impact très important.
Et c’est ainsi, parce que la demande engendre de la demande. On va en reparler tout à l’heure, car de plus en plus de gens en veulent. Et puis, bien sûr, ils doivent répondre à la demande en même temps. Ce qui était très intéressant, et je sais qu’on a un graphique à ce sujet, c’est qu’on examine certains de ces secteurs. Ce n’est pas réparti également entre les différents types d’entreprises au Canada.
Où voyez-vous la plus forte remontée?
Oui. Comme on l’a mentionné, le télétravail et la souplesse en milieu de travail sont les facteurs qui ont dominé au cours des trois dernières années. Et, évidemment, les secteurs qui peuvent offrir du travail de bureau, des emplois de cette nature, ont été très avantagés et ont été en mesure d’attirer le bassin de main-d’œuvre auparavant non utilisé.
Dans les secteurs de la finance et de l’assurance, des services professionnels et techniques et de l’administration publique, la proportion de mères ayant un emploi a considérablement augmenté, alors que pour d’autres secteurs, comme le commerce de détail, l’alimentation et l’hébergement, ils ont eu beaucoup de mal à attirer ou même à conserver le type de main-d’œuvre qu’ils avaient avant la pandémie.
Ça va être intéressant de voir ce qui va se passer lorsque les choses vont se « normaliser », entre guillemets. Dans beaucoup d’entreprises, les gens reviennent au bureau, non pas cinq jours par semaine, mais trois. Et cela offre toujours cette souplesse, mais l’autre chose dont vous avez parlé, c’est des services de garderie abordables, qui sont là en même temps pour aider.
Peut-être pourriez-vous nous donner un peu plus de détails sur ce que vous y voyez... le Québec a en quelque sorte ouvert la voie de ce côté-là. Mais de combien aura-t-on besoin dans toutes les provinces? Et où en sommes-nous par rapport à la mise en place de l’offre?
Oui. Kim, vous avez posé une question très difficile. Il y a beaucoup de choses à dire à ce sujet. En gros, avec la montée du travail hybride plutôt que du travail à distance, beaucoup de secteurs délaissent le travail entièrement à distance au profit du travail hybride. Cette façon de faire offre tout de même beaucoup de souplesse aux familles. Mais, en fin de compte, plus les gens vont travailler en personne, essentiellement, ce sont les services de garderie qui auront le fardeau d’aider les familles et, en particulier, les mères.
Heureusement, on est maintenant dans une situation où toutes les provinces et tous les territoires ont maintenant signé une entente avec le gouvernement fédéral pour offrir des services de garderie à 10 $ par jour. Mais le vrai défi auquel on est confrontés, c’est que le nombre de personnes qui pourraient exiger des services de garderie pourrait dépasser ce que les provinces se sont engagées à offrir.
Si on examine l’ensemble des provinces et leurs engagements à créer des places en services de garderie dans la foulée de ces ententes, on estime qu’il pourrait manquer entre 240 000 à 315 000 places à l’échelle nationale, simplement parce qu’il y a une forte demande non satisfaite pour les familles qui cherchent à réintégrer le marché du travail.
C’est fascinant, ça aussi. Dans votre rapport, vous avez parlé de l’idée de déserts de services de garderie. Et, encore une fois, je sais que vous avez examiné ça du côté des États-Unis. Mais quiconque a des enfants sait que lorsqu’on voit apparaître une garderie, il y en a plein d’autres qui apparaissent autour. Mais parfois, il y a d’importantes parties dans des villes ou des provinces qui n’ont pas de services de garderie.
La distribution des services a donc aussi de l’importance.
Absolument, et c’est un point absolument essentiel. On voit les provinces qui se sont engagées à créer un nombre x de milliers de places. Mais la répartition de ces places est importante. Et des recherches montrent évidemment que dans les régions plus rurales, les collectivités autochtones, pratiquement partout à l’extérieur des grands centres métropolitains, les gens ont déjà du mal à avoir accès à des services de garderie. En dehors de ces régions, c’est encore plus difficile.
Et vous avez déjà mis le doigt sur le terme, « désert de services de garderie ». Essentiellement, ce sont des secteurs où il y a au moins trois enfants pour chaque place autorisée en garderie. Donc, lorsque les gouvernements provinciaux prennent des engagements, il faut tenir compte de l’endroit où les places sont réparties. Et l’espace physique n’est pas le seul facteur important non plus.
Pour créer une place en garderie, il ne suffit pas d’avoir un immeuble et un espace où un enfant peut être présent. Il doit y avoir du personnel. Donc, en plus des centaines de milliers de places qu’on pourrait devoir créer en plus de ce qui a déjà été promis, ça signifie simplement qu’on doit embaucher davantage, former et retenir plus d’éducateurs de la petite enfance et de travailleurs en garderie pour réellement déployer du personnel dans ces services de garderie.
Oui. Et comme vous l’avez mentionné, beaucoup de choses sont importantes. À mesure que le ratio diminue, le ratio entre les enfants et les personnes qui prennent soin d’eux est beaucoup plus faible au début qu’il ne l’est par la suite. Il ne reste que 45 secondes. Et je ne veux pas passer à côté de ça, parce que je veux d’abord souligner que c’est une bonne nouvelle, le fait que les mères participent davantage au marché du travail. C’est formidable.
En même temps, toutefois, vous soulignez quelque chose au sujet de l’écart salarial. Et il y a un facteur inexpliqué en ce moment. Pourriez-vous nous expliquer ça en 15 secondes? Vous parlez d’une pénalité attribuable à la maternité.
Oui. En gros, si on regarde l’écart salarial entre les hommes et les femmes, on voit qu’il se resserre avec le temps. Mais une part croissante de cette situation est inexpliquée. On ne peut donc pas expliquer ça en tenant compte de facteurs comme le choix d’emploi, la durée d’emploi et d’autres facteurs de cette nature. Ce que les chercheurs signalent en grande partie, c’est ce qu’on appelle la pénalité attribuable à la maternité, ou du moins c’est l’un des facteurs derrière cet écart salarial inexpliqué, l’écart salarial qui demeure inexpliqué, c’est-à-dire que des femmes sont pénalisées pour être devenues des mères.
Ce qu’on sait, toutefois, c’est que plus l’arrêt de travail est court pour les mères, plus la pénalité est faible. Donc des services de garderie vraiment accessibles, une souplesse en milieu de travail... ça représente un enjeu d’équité salariale, parce que ça peut aider à réduire davantage cet écart salarial.
Francis, c’est toujours un plaisir. Merci beaucoup.
J’ai été ravi de vous parler, Kim. [LOGO AUDIO] [MUSIQUE]
Selon un nouveau rapport des Services économiques TD, les femmes ayant de jeunes enfants se joignent à la population active en grand nombre depuis la pandémie. Depuis 2020, on parle d’environ 111 000 femmes. Et il y a des statistiques très intéressantes et des raisons pour lesquelles cela se produit.
Francis Fong est économiste principal à la TD et un des auteurs du rapport. Francis, je suis heureuse de vous voir. Entrons dans le vif du sujet.
Le rapport, qui était, si je puis dire, assez impressionnant, soit dit en passant, un très bon rapport, s’appelait « L’écart entre nous ». Il met en évidence quelques tendances intéressantes qui aident les femmes ayant de jeunes enfants à intégrer le marché du travail. Et vous et moi on discutait pendant la pause, et c’est simplement de revenir à la base, je veux dire, de leur fournir ce dont elles ont besoin.
Alors donnez-moi seulement un aperçu de ce que le rapport a montré.
Oui. Vous avez déjà mis le doigt dessus. 111 000 femmes supplémentaires sur le marché du travail, ça représente une hausse de quatre points de pourcentage du taux de participation à la population active, ce qui est absolument énorme. Mais cela représente aussi une accélération très marquée du taux de participation des femmes ayant de jeunes enfants au marché du travail. C’est à peu près le double de ce qu’on a vu au cours des trois dernières années.
Et, évidemment, on attribue ça à deux facteurs. Le premier c’est, bien sûr, l’augmentation du travail à distance, mais, de façon plus générale, la souplesse en milieu de travail depuis la pandémie. Mais à long terme, on a observé une sorte de hausse du taux de participation des femmes ayant de jeunes enfants au fil du temps, ce qui, selon nous, est attribuable aux efforts déployés par chaque province pour améliorer en quelque sorte l’accès à des services de garderie abordables.
Des provinces comme le Québec, la Colombie-Britannique et l’Alberta ont toutes fait des efforts dans le passé... eh bien, au Québec, cela fait un bon moment, mais plus récemment en Alberta et en Colombie-Britannique. Et ces efforts-là ont eu un impact très important.
Et c’est ainsi, parce que la demande engendre de la demande. On va en reparler tout à l’heure, car de plus en plus de gens en veulent. Et puis, bien sûr, ils doivent répondre à la demande en même temps. Ce qui était très intéressant, et je sais qu’on a un graphique à ce sujet, c’est qu’on examine certains de ces secteurs. Ce n’est pas réparti également entre les différents types d’entreprises au Canada.
Où voyez-vous la plus forte remontée?
Oui. Comme on l’a mentionné, le télétravail et la souplesse en milieu de travail sont les facteurs qui ont dominé au cours des trois dernières années. Et, évidemment, les secteurs qui peuvent offrir du travail de bureau, des emplois de cette nature, ont été très avantagés et ont été en mesure d’attirer le bassin de main-d’œuvre auparavant non utilisé.
Dans les secteurs de la finance et de l’assurance, des services professionnels et techniques et de l’administration publique, la proportion de mères ayant un emploi a considérablement augmenté, alors que pour d’autres secteurs, comme le commerce de détail, l’alimentation et l’hébergement, ils ont eu beaucoup de mal à attirer ou même à conserver le type de main-d’œuvre qu’ils avaient avant la pandémie.
Ça va être intéressant de voir ce qui va se passer lorsque les choses vont se « normaliser », entre guillemets. Dans beaucoup d’entreprises, les gens reviennent au bureau, non pas cinq jours par semaine, mais trois. Et cela offre toujours cette souplesse, mais l’autre chose dont vous avez parlé, c’est des services de garderie abordables, qui sont là en même temps pour aider.
Peut-être pourriez-vous nous donner un peu plus de détails sur ce que vous y voyez... le Québec a en quelque sorte ouvert la voie de ce côté-là. Mais de combien aura-t-on besoin dans toutes les provinces? Et où en sommes-nous par rapport à la mise en place de l’offre?
Oui. Kim, vous avez posé une question très difficile. Il y a beaucoup de choses à dire à ce sujet. En gros, avec la montée du travail hybride plutôt que du travail à distance, beaucoup de secteurs délaissent le travail entièrement à distance au profit du travail hybride. Cette façon de faire offre tout de même beaucoup de souplesse aux familles. Mais, en fin de compte, plus les gens vont travailler en personne, essentiellement, ce sont les services de garderie qui auront le fardeau d’aider les familles et, en particulier, les mères.
Heureusement, on est maintenant dans une situation où toutes les provinces et tous les territoires ont maintenant signé une entente avec le gouvernement fédéral pour offrir des services de garderie à 10 $ par jour. Mais le vrai défi auquel on est confrontés, c’est que le nombre de personnes qui pourraient exiger des services de garderie pourrait dépasser ce que les provinces se sont engagées à offrir.
Si on examine l’ensemble des provinces et leurs engagements à créer des places en services de garderie dans la foulée de ces ententes, on estime qu’il pourrait manquer entre 240 000 à 315 000 places à l’échelle nationale, simplement parce qu’il y a une forte demande non satisfaite pour les familles qui cherchent à réintégrer le marché du travail.
C’est fascinant, ça aussi. Dans votre rapport, vous avez parlé de l’idée de déserts de services de garderie. Et, encore une fois, je sais que vous avez examiné ça du côté des États-Unis. Mais quiconque a des enfants sait que lorsqu’on voit apparaître une garderie, il y en a plein d’autres qui apparaissent autour. Mais parfois, il y a d’importantes parties dans des villes ou des provinces qui n’ont pas de services de garderie.
La distribution des services a donc aussi de l’importance.
Absolument, et c’est un point absolument essentiel. On voit les provinces qui se sont engagées à créer un nombre x de milliers de places. Mais la répartition de ces places est importante. Et des recherches montrent évidemment que dans les régions plus rurales, les collectivités autochtones, pratiquement partout à l’extérieur des grands centres métropolitains, les gens ont déjà du mal à avoir accès à des services de garderie. En dehors de ces régions, c’est encore plus difficile.
Et vous avez déjà mis le doigt sur le terme, « désert de services de garderie ». Essentiellement, ce sont des secteurs où il y a au moins trois enfants pour chaque place autorisée en garderie. Donc, lorsque les gouvernements provinciaux prennent des engagements, il faut tenir compte de l’endroit où les places sont réparties. Et l’espace physique n’est pas le seul facteur important non plus.
Pour créer une place en garderie, il ne suffit pas d’avoir un immeuble et un espace où un enfant peut être présent. Il doit y avoir du personnel. Donc, en plus des centaines de milliers de places qu’on pourrait devoir créer en plus de ce qui a déjà été promis, ça signifie simplement qu’on doit embaucher davantage, former et retenir plus d’éducateurs de la petite enfance et de travailleurs en garderie pour réellement déployer du personnel dans ces services de garderie.
Oui. Et comme vous l’avez mentionné, beaucoup de choses sont importantes. À mesure que le ratio diminue, le ratio entre les enfants et les personnes qui prennent soin d’eux est beaucoup plus faible au début qu’il ne l’est par la suite. Il ne reste que 45 secondes. Et je ne veux pas passer à côté de ça, parce que je veux d’abord souligner que c’est une bonne nouvelle, le fait que les mères participent davantage au marché du travail. C’est formidable.
En même temps, toutefois, vous soulignez quelque chose au sujet de l’écart salarial. Et il y a un facteur inexpliqué en ce moment. Pourriez-vous nous expliquer ça en 15 secondes? Vous parlez d’une pénalité attribuable à la maternité.
Oui. En gros, si on regarde l’écart salarial entre les hommes et les femmes, on voit qu’il se resserre avec le temps. Mais une part croissante de cette situation est inexpliquée. On ne peut donc pas expliquer ça en tenant compte de facteurs comme le choix d’emploi, la durée d’emploi et d’autres facteurs de cette nature. Ce que les chercheurs signalent en grande partie, c’est ce qu’on appelle la pénalité attribuable à la maternité, ou du moins c’est l’un des facteurs derrière cet écart salarial inexpliqué, l’écart salarial qui demeure inexpliqué, c’est-à-dire que des femmes sont pénalisées pour être devenues des mères.
Ce qu’on sait, toutefois, c’est que plus l’arrêt de travail est court pour les mères, plus la pénalité est faible. Donc des services de garderie vraiment accessibles, une souplesse en milieu de travail... ça représente un enjeu d’équité salariale, parce que ça peut aider à réduire davantage cet écart salarial.
Francis, c’est toujours un plaisir. Merci beaucoup.
J’ai été ravi de vous parler, Kim. [LOGO AUDIO] [MUSIQUE]