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La plupart des banques canadiennes ont déclaré des résultats trimestriels inférieurs aux prévisions des analystes. Mario Mendonca, directeur général chez TD Cowen, discute avec Kim Parlee des défis et des occasions pour les prêteurs canadiens, ainsi que des perspectives pour l’avenir.
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Mario, allons droit au but. Pouvez-vous faire un survol thématique de ce que vous observez pour toutes les banques au deuxième trimestre. Qu’est-ce qui retient votre attention?
* Avec plaisir. Quatre des six grandes banques n’ont pas réalisé les bénéfices escomptés ce trimestre. C’est inhabituel pour les banques canadiennes. Nos estimations étaient légèrement en dessous du consensus au début du trimestre, et on est donc assez peu surpris de ces résultats. Parmi les grands thèmes qui ont émergé et dont parlent tous les investisseurs, on peut citer les dépenses très élevées dans plusieurs banques.
* Je suis convaincu qu’elles pourront les maîtriser, mais ce n’est pas quelque chose qu’on peut régler rapidement, à moins d’inscrire des charges de restructuration élevées. Je ne pense pas qu’elles le feront. D’ici 2024, je crois que les comparaisons des dépenses sur 12 mois seront un peu plus flatteuses pour nos banques canadiennes. Mais il est indéniable que les dépenses sont assez élevées.
* L’autre thème qui, selon moi, était relativement prévisible, c’est le ralentissement de la croissance des bilans. On voit une nette baisse de croissance des prêts hypothécaires, personnels, commerciaux et de gros. Dans toutes les catégories de prêts au pays, la croissance a ralenti. Et c’est logique. L’assouplissement quantitatif a entraîné une forte expansion des bilans. Avec la contraction de la masse monétaire découlant du resserrement quantitatif, il est tout à fait logique d’observer ce ralentissement.
* Nos banques doivent aussi se montrer prudentes face à la croissance du bilan.
Il serait sans doute approprié de conserver le capital, surtout si le BSIF élève la réserve pour stabilité intérieure ce mois-ci.
On observe donc une croissance modeste des prêts.
C’est un thème important.
* L’autre thème qui était très prévisible c’est le ralentissement de l’expansion des marges. La plupart des banques ont connu une forte hausse des marges ces derniers temps. Elles sont en baisse pour la première fois depuis le deuxième trimestre 2021. Les marges se contractent, et c’est tout à fait logique. Les banques détenaient plus de liquidités en réaction à la crise bancaire américaine.
* On est nettement passés de dépôts à coût faible à des dépôts à coût élevé. Les bêtas des dépôts, c’est-à-dire la variation des taux des dépôts liée à la variation des taux d’intérêt, ces bêtas sont en hausse, de sorte que les marges ont cessé de croître. Je crois que la situation est très fluide. Il se peut que les marges se stabilisent et augmentent dès le quatrième trimestre 2023, mais voilà les grands thèmes qui ont affecté les bénéfices des banques ce trimestre et qui dans certains cas, ont entraîné de grands écarts par rapport aux prévisions du marché.
* Examinons de plus près certaines annonces de bénéfices. Je note avec intérêt que vous anticipez une hausse sensible des marges au quatrième trimestre 2023, et j’aimerais qu’on y revienne. Parlons de BMO. Vous avez parlé d’un ralentissement de l’activité sur les marchés des capitaux, mais vous notez tout de même quelques points positifs pour BMO.
* Il ne fait aucun doute que le BMO a mené le bal en 2021 et 2022. L’année 2022 a été marquée par une très forte croissance des bénéfices avant impôts et provisions. À certains trimestres, BMO devançait les autres banques. Comme je l’avais souligné à l’époque, cette croissance est en grande partie attribuable à de très bons résultats sur les marchés des capitaux, et plus particulièrement à une percée sur le plan de la promotion financière.
* Ce marché a vraiment ralenti. Il est à sec. Il n’est donc pas surprenant que BMO affiche une baisse de la croissance des bénéfices avant impôts et provisions. Si on déduit les bénéfices liés à l’acquisition de la Bank of the West au deuxième trimestre 2023, les bénéfices avant impôts et provisions sont en chute de 6 % sur 12 mois, alors qu’ils sont en hausse de 5 % si on inclut la Bank of the West.
* Les marchés financiers ont clairement joué un rôle, mais la Bank of the West est plus petite que BMO ne le pensait à l’annonce de l’opération. On a observé une chute importante des dépôts, ce qui a aussi affecté la contribution de la Bank of the West à la croissance globale des bénéfices avant impôts et provisions de BMO.
* Qu’en est-il de la Scotia? Vous soulignez qu’il faut surveiller son ratio de capital, car il limite sa marge de manœuvre par rapport aux autres banques.
* Oui, toutes nos banques doivent porter une attention particulière au capital. C’est assez clair. Certaines règles ont changé. La réserve pour stabilité intérieure peut augmenter, même si ça me semble peu probable. Toutes nos banques doivent être prudentes à l’égard du capital.
* Je pense que la Scotia, et sans doute aussi la CIBC, va aborder la formation de prêts avec un regain de prudence, parce qu’il y a une certaine pression sur le capital. Mais la Scotia est aussi dans une situation particulière. Au niveau de ses activités au pays, les prêts dépassent les dépôts. Le déficit de financement est d’environ 111 milliards de dollars. Je crois que le nouveau président, Scott Thompson voudra progressivement résorber ce déficit.
* La Scotia pourrait donc entrer en concurrence pour attirer plus de dépôts. Il serait tout à fait logique qu’elle tente d’accroître sa base de dépôts. Mais elle pourrait aussi ralentir le rythme de la formation de prêts, surtout pour les prêts hypothécaires générés par des courtiers, où les marges sont assez minces. Je crois que la Scotia est l’une de ces banques – Si vous croyez comme moi que le ralentissement de la croissance globale des bilans sera un thème important pour les investisseurs en 2024, je crois que la Scotia fera peut-être partie des banques particulièrement sensibles au déclin de la croissance des bilans.
* Vous dites aussi dans votre rapport que les efforts de la Scotia pour se redéfinir ne se feront pas en vase clos. Dites-m’en un peu plus.
* Si l’objectif de la Scotia est de réduire son déficit de dépôts en augmentant les dépôts, durant toute la période où elle tentera d’augmenter ses dépôts, les autres banques ne vont pas céder de parts de marché. Elles lui feront concurrence pour conserver leur part de dépôts. C’est le premier point.
* Le deuxième point à prendre en compte, c’est que durant cette période où la Scotia va tenter de se redéfinir, ses homologues pourraient bénéficier d’acquisitions, comme l’acquisition par BMO de la Bank of the West, ou l’acquisition de HSBC par la Banque royale. Ce que j’entends par là, c’est que les autres banques pourraient afficher un bilan en croissance, simplement du fait de ces acquisitions, alors que dans ce contexte, la Scotia pourrait réduire son bilan pour recentrer ses efforts. Voilà pourquoi je dis que ces efforts ne se feront pas en vase clos
* D’accord. Qu’en est-il de la CIBC? Vous en avez rapidement parlé, mais vous soulignez aussi une exposition au secteur de l’immobilier américain, alors que les autres banques n’y sont forcément pas autant exposées.
* Je crois que tout le monde est exposé à l’immobilier commercial américain. On le voit dans tous les membres du groupe. Je dirais que la Nationale est moins exposée, mais toutes les autres détiennent beaucoup d’immobilier commercial, tout comme la CIBC. Je faisais observer que la CIBC a fortement accru son exposition à l’immobilier commercial américain. Je crois que c’était en 2021, 2022.
* Pour moi, c’est révélateur. Souvent, les prêts que vous accordez - les prêts que vous avez accordés récemment sont ceux qui risquent de vous attirer le plus d’ennuis à l’avenir. Je faisais valoir que l’exposition accrue de la CIBC à l’immobilier commercial américain risque d’entraîner des charges.
* Ce trimestre, la CIBC a inscrit des charges pour l’immobilier commercial américain. Je crois qu’elles étaient gérables ou modestes, mais elles étaient bien là. J’ai fait une simulation de crise dans mon dernier rapport de recherche. J’ai supposé des taux de pertes cumulées assez élevés dans l’immobilier commercial au Canada et aux États-Unis, en particulier pour les bureaux. J’en ai conclu que chaque banque pourrait accuser de légères pertes de capital.
* Ceci dit, je pense que ces pertes de capital seraient gérables, d’autant que les banques produisent toujours du capital chaque trimestre. L’immobilier commercial américain ou en général pourrait entraîner des charges et une pression sur le capital, mais je pense que nos banques ont la capacité de les absorber.
* Je ne veux pas oublier la Banque Nationale et la Banque Royale. Que se passe-t-il de ce côté?
* La Banque Nationale s’est très bien comportée ces dernières années. Selon moi, elle a vraiment défié les lois de la gravité. Si je dis cela, c’est parce que ses activités florissantes au Cambodge affichent une hausse du chiffre d’affaires ou des prêts de 30 à 40 % par an. C’est désormais une part importante des activités. Ce que je remarque ce trimestre et depuis quelques trimestres, c’est que les marges de cette activité sont en compression. Une baisse séquentielle de 60 à 70 points de base de la marge d’intérêt nette globale au Cambodge. Cette baisse est due à la hausse des coûts des dépôts et peut-être au fait que la concurrence s’installe.
* Ce que je trouve particulièrement intéressant à propos des activités, de la Banque Nationale au Cambodge, c’est que la forte croissance des prêts ne s’accompagne pas d’une hausse significative des pertes sur créances. Soit le Cambodge est un pays idéal où les banques peuvent afficher une croissance des prêts de 40% sans pertes sur créances, soit les conséquences se feront sentir ultérieurement. Et je suis d’avis qu’à un moment donné, la Banque Nationale va devoir ralentir son rythme de croissance au Cambodge.
* Pour finir, la Banque Royale. Vous avez évoqué le fait que vous surveillez la hausse des dépenses dans les grandes banques, surtout dans le cas de la RBC.
* Oui. Aucune banque n’augmente plus rapidement ses dépenses que la RBC. Vers la fin de la conférence téléphonique, le chef de la direction, Dave MacKay, a reconnu que la Banque avait trop embauché, surtout dans les technologies. Elle s’attendait à beaucoup de départs d’employés, en raison de la concurrence des grandes sociétés technologiques américaines. En fait, ces grandes sociétés se sont mises à licencier, d’où un nombre de départs bien plus faible que la RBC ne l’anticipait. Par conséquent, leurs dépenses sont très élevées.
* À mon avis, nos banques ne prévoient jamais de dépenses au budget sans tenir compte de l’évolution des revenus. Je crois que les revenus ont ralenti peut-être plus brusquement que nos banques ne l’avaient prévu, et c’est ce qui a entraîné une très forte croissance des dépenses par rapport à la croissance des revenus. C’est ce qu’on appelle le levier d’exploitation. Et je crois qu’en fin de compte, c’est vraiment la raison pour laquelle le levier d’exploitation de la RBC semble si faible. Elle a peut-être sous-estimé la chute brutale des marges.
* Mario, c’est toujours un plaisir. Merci d’avoir été des nôtres.
* Merci, Kim.
* C’était Mario Mendonca. Pour lire la mention juridique au complet et en savoir plus sur les sociétés dont Mario a parlé et qui sont couvertes par Valeurs Mobilières TD, cliquez sur le lien vers le site Web de Valeurs Mobilières TD à la fin de la vidéo.
* [MUSIQUE]
* Avec plaisir. Quatre des six grandes banques n’ont pas réalisé les bénéfices escomptés ce trimestre. C’est inhabituel pour les banques canadiennes. Nos estimations étaient légèrement en dessous du consensus au début du trimestre, et on est donc assez peu surpris de ces résultats. Parmi les grands thèmes qui ont émergé et dont parlent tous les investisseurs, on peut citer les dépenses très élevées dans plusieurs banques.
* Je suis convaincu qu’elles pourront les maîtriser, mais ce n’est pas quelque chose qu’on peut régler rapidement, à moins d’inscrire des charges de restructuration élevées. Je ne pense pas qu’elles le feront. D’ici 2024, je crois que les comparaisons des dépenses sur 12 mois seront un peu plus flatteuses pour nos banques canadiennes. Mais il est indéniable que les dépenses sont assez élevées.
* L’autre thème qui, selon moi, était relativement prévisible, c’est le ralentissement de la croissance des bilans. On voit une nette baisse de croissance des prêts hypothécaires, personnels, commerciaux et de gros. Dans toutes les catégories de prêts au pays, la croissance a ralenti. Et c’est logique. L’assouplissement quantitatif a entraîné une forte expansion des bilans. Avec la contraction de la masse monétaire découlant du resserrement quantitatif, il est tout à fait logique d’observer ce ralentissement.
* Nos banques doivent aussi se montrer prudentes face à la croissance du bilan.
Il serait sans doute approprié de conserver le capital, surtout si le BSIF élève la réserve pour stabilité intérieure ce mois-ci.
On observe donc une croissance modeste des prêts.
C’est un thème important.
* L’autre thème qui était très prévisible c’est le ralentissement de l’expansion des marges. La plupart des banques ont connu une forte hausse des marges ces derniers temps. Elles sont en baisse pour la première fois depuis le deuxième trimestre 2021. Les marges se contractent, et c’est tout à fait logique. Les banques détenaient plus de liquidités en réaction à la crise bancaire américaine.
* On est nettement passés de dépôts à coût faible à des dépôts à coût élevé. Les bêtas des dépôts, c’est-à-dire la variation des taux des dépôts liée à la variation des taux d’intérêt, ces bêtas sont en hausse, de sorte que les marges ont cessé de croître. Je crois que la situation est très fluide. Il se peut que les marges se stabilisent et augmentent dès le quatrième trimestre 2023, mais voilà les grands thèmes qui ont affecté les bénéfices des banques ce trimestre et qui dans certains cas, ont entraîné de grands écarts par rapport aux prévisions du marché.
* Examinons de plus près certaines annonces de bénéfices. Je note avec intérêt que vous anticipez une hausse sensible des marges au quatrième trimestre 2023, et j’aimerais qu’on y revienne. Parlons de BMO. Vous avez parlé d’un ralentissement de l’activité sur les marchés des capitaux, mais vous notez tout de même quelques points positifs pour BMO.
* Il ne fait aucun doute que le BMO a mené le bal en 2021 et 2022. L’année 2022 a été marquée par une très forte croissance des bénéfices avant impôts et provisions. À certains trimestres, BMO devançait les autres banques. Comme je l’avais souligné à l’époque, cette croissance est en grande partie attribuable à de très bons résultats sur les marchés des capitaux, et plus particulièrement à une percée sur le plan de la promotion financière.
* Ce marché a vraiment ralenti. Il est à sec. Il n’est donc pas surprenant que BMO affiche une baisse de la croissance des bénéfices avant impôts et provisions. Si on déduit les bénéfices liés à l’acquisition de la Bank of the West au deuxième trimestre 2023, les bénéfices avant impôts et provisions sont en chute de 6 % sur 12 mois, alors qu’ils sont en hausse de 5 % si on inclut la Bank of the West.
* Les marchés financiers ont clairement joué un rôle, mais la Bank of the West est plus petite que BMO ne le pensait à l’annonce de l’opération. On a observé une chute importante des dépôts, ce qui a aussi affecté la contribution de la Bank of the West à la croissance globale des bénéfices avant impôts et provisions de BMO.
* Qu’en est-il de la Scotia? Vous soulignez qu’il faut surveiller son ratio de capital, car il limite sa marge de manœuvre par rapport aux autres banques.
* Oui, toutes nos banques doivent porter une attention particulière au capital. C’est assez clair. Certaines règles ont changé. La réserve pour stabilité intérieure peut augmenter, même si ça me semble peu probable. Toutes nos banques doivent être prudentes à l’égard du capital.
* Je pense que la Scotia, et sans doute aussi la CIBC, va aborder la formation de prêts avec un regain de prudence, parce qu’il y a une certaine pression sur le capital. Mais la Scotia est aussi dans une situation particulière. Au niveau de ses activités au pays, les prêts dépassent les dépôts. Le déficit de financement est d’environ 111 milliards de dollars. Je crois que le nouveau président, Scott Thompson voudra progressivement résorber ce déficit.
* La Scotia pourrait donc entrer en concurrence pour attirer plus de dépôts. Il serait tout à fait logique qu’elle tente d’accroître sa base de dépôts. Mais elle pourrait aussi ralentir le rythme de la formation de prêts, surtout pour les prêts hypothécaires générés par des courtiers, où les marges sont assez minces. Je crois que la Scotia est l’une de ces banques – Si vous croyez comme moi que le ralentissement de la croissance globale des bilans sera un thème important pour les investisseurs en 2024, je crois que la Scotia fera peut-être partie des banques particulièrement sensibles au déclin de la croissance des bilans.
* Vous dites aussi dans votre rapport que les efforts de la Scotia pour se redéfinir ne se feront pas en vase clos. Dites-m’en un peu plus.
* Si l’objectif de la Scotia est de réduire son déficit de dépôts en augmentant les dépôts, durant toute la période où elle tentera d’augmenter ses dépôts, les autres banques ne vont pas céder de parts de marché. Elles lui feront concurrence pour conserver leur part de dépôts. C’est le premier point.
* Le deuxième point à prendre en compte, c’est que durant cette période où la Scotia va tenter de se redéfinir, ses homologues pourraient bénéficier d’acquisitions, comme l’acquisition par BMO de la Bank of the West, ou l’acquisition de HSBC par la Banque royale. Ce que j’entends par là, c’est que les autres banques pourraient afficher un bilan en croissance, simplement du fait de ces acquisitions, alors que dans ce contexte, la Scotia pourrait réduire son bilan pour recentrer ses efforts. Voilà pourquoi je dis que ces efforts ne se feront pas en vase clos
* D’accord. Qu’en est-il de la CIBC? Vous en avez rapidement parlé, mais vous soulignez aussi une exposition au secteur de l’immobilier américain, alors que les autres banques n’y sont forcément pas autant exposées.
* Je crois que tout le monde est exposé à l’immobilier commercial américain. On le voit dans tous les membres du groupe. Je dirais que la Nationale est moins exposée, mais toutes les autres détiennent beaucoup d’immobilier commercial, tout comme la CIBC. Je faisais observer que la CIBC a fortement accru son exposition à l’immobilier commercial américain. Je crois que c’était en 2021, 2022.
* Pour moi, c’est révélateur. Souvent, les prêts que vous accordez - les prêts que vous avez accordés récemment sont ceux qui risquent de vous attirer le plus d’ennuis à l’avenir. Je faisais valoir que l’exposition accrue de la CIBC à l’immobilier commercial américain risque d’entraîner des charges.
* Ce trimestre, la CIBC a inscrit des charges pour l’immobilier commercial américain. Je crois qu’elles étaient gérables ou modestes, mais elles étaient bien là. J’ai fait une simulation de crise dans mon dernier rapport de recherche. J’ai supposé des taux de pertes cumulées assez élevés dans l’immobilier commercial au Canada et aux États-Unis, en particulier pour les bureaux. J’en ai conclu que chaque banque pourrait accuser de légères pertes de capital.
* Ceci dit, je pense que ces pertes de capital seraient gérables, d’autant que les banques produisent toujours du capital chaque trimestre. L’immobilier commercial américain ou en général pourrait entraîner des charges et une pression sur le capital, mais je pense que nos banques ont la capacité de les absorber.
* Je ne veux pas oublier la Banque Nationale et la Banque Royale. Que se passe-t-il de ce côté?
* La Banque Nationale s’est très bien comportée ces dernières années. Selon moi, elle a vraiment défié les lois de la gravité. Si je dis cela, c’est parce que ses activités florissantes au Cambodge affichent une hausse du chiffre d’affaires ou des prêts de 30 à 40 % par an. C’est désormais une part importante des activités. Ce que je remarque ce trimestre et depuis quelques trimestres, c’est que les marges de cette activité sont en compression. Une baisse séquentielle de 60 à 70 points de base de la marge d’intérêt nette globale au Cambodge. Cette baisse est due à la hausse des coûts des dépôts et peut-être au fait que la concurrence s’installe.
* Ce que je trouve particulièrement intéressant à propos des activités, de la Banque Nationale au Cambodge, c’est que la forte croissance des prêts ne s’accompagne pas d’une hausse significative des pertes sur créances. Soit le Cambodge est un pays idéal où les banques peuvent afficher une croissance des prêts de 40% sans pertes sur créances, soit les conséquences se feront sentir ultérieurement. Et je suis d’avis qu’à un moment donné, la Banque Nationale va devoir ralentir son rythme de croissance au Cambodge.
* Pour finir, la Banque Royale. Vous avez évoqué le fait que vous surveillez la hausse des dépenses dans les grandes banques, surtout dans le cas de la RBC.
* Oui. Aucune banque n’augmente plus rapidement ses dépenses que la RBC. Vers la fin de la conférence téléphonique, le chef de la direction, Dave MacKay, a reconnu que la Banque avait trop embauché, surtout dans les technologies. Elle s’attendait à beaucoup de départs d’employés, en raison de la concurrence des grandes sociétés technologiques américaines. En fait, ces grandes sociétés se sont mises à licencier, d’où un nombre de départs bien plus faible que la RBC ne l’anticipait. Par conséquent, leurs dépenses sont très élevées.
* À mon avis, nos banques ne prévoient jamais de dépenses au budget sans tenir compte de l’évolution des revenus. Je crois que les revenus ont ralenti peut-être plus brusquement que nos banques ne l’avaient prévu, et c’est ce qui a entraîné une très forte croissance des dépenses par rapport à la croissance des revenus. C’est ce qu’on appelle le levier d’exploitation. Et je crois qu’en fin de compte, c’est vraiment la raison pour laquelle le levier d’exploitation de la RBC semble si faible. Elle a peut-être sous-estimé la chute brutale des marges.
* Mario, c’est toujours un plaisir. Merci d’avoir été des nôtres.
* Merci, Kim.
* C’était Mario Mendonca. Pour lire la mention juridique au complet et en savoir plus sur les sociétés dont Mario a parlé et qui sont couvertes par Valeurs Mobilières TD, cliquez sur le lien vers le site Web de Valeurs Mobilières TD à la fin de la vidéo.
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