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Le gouvernement fédéral a finalement dévoilé un programme d’aide attendu depuis longtemps pour la plus grande compagnie aérienne du Canada. Mais le soutien comporte un certain nombre de conditions. Anthony Okolie discute avec David Mau, gestionnaire de portefeuille, Gestion de Placements TD, des conséquences de cette aide pour les Canadiens et le secteur.
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David, hier, Air Canada et le gouvernement canadien se sont entendus sur un programme de soutien pour composer avec la pandémie. Quels sont les faits saillants pour vous?
Parmi les aspects qui m’ont marqué, je dirais tout d’abord l’ampleur réelle du programme d’aide. Le gouvernement fournira jusqu’à 5,9 milliards de dollars à Air Canada sous forme de prêts et de capitaux propres. C’est donc un peu plus que ce que je prévoyais, ce qui est une bonne chose, car compte tenu des liquidités dont Air Canada disposera maintenant, elle va être en mesure d’exercer ses activités sans avoir besoin de capitaux supplémentaires pendant une certaine période, jusqu’à la fin de 2022 au moins, et probablement jusqu’en 2023. C’est donc plutôt positif.
L’autre aspect qui m’a surpris, c’est la participation de 500 millions de dollars que le gouvernement va acquérir dans Air Canada. Ça représente donc une dilution d’environ 6 % pour les actionnaires actuels. Ce n’est pas nécessairement une mauvaise chose, encore une fois, parce que je crois que ce que le gouvernement veut faire, c’est miser sur Air Canada à long terme. Et avec la participation dans des actions, il veut pouvoir profiter de la hausse.
Et vous aviez parlé un peu de la participation en capital. Pour ce qui est des investisseurs, les dispositions ont-elles d’autres conséquences sur eux? De toute évidence, ils devront assumer cet énorme prêt. Quelles autres conséquences cela pourrait-il avoir pour les investisseurs?
Oui. Je pense que lorsqu’on regarde les conditions que le gouvernement a imposées, comme les restrictions sur la rémunération des dirigeants, les restrictions sur les dividendes et les rachats d’actions, et le fait de demander à Air Canada, ou de lui exiger qu’elle n’impose aucune autre mise à pied, le gouvernement veut maintenir la main-d’œuvre au moins au niveau actuel, et ce sont toutes des sortes de normes. Il n’y a rien de trop surprenant dans ces conditions. Les taux d’intérêt des prêts qu’Air Canada va recevoir sont inférieurs aux taux d’intérêt de ses prêts actuels, ce qui est une autre bonne chose.
Je crois qu’il est important de mentionner que dans le cadre de l’entente... et j’ai mentionné la participation de 6 % que le gouvernement prendra dans Air Canada. Air Canada va également obtenir des bons de souscription pour acheter jusqu’à 14 % de ses propres actions au cours des prochaines années. Je pense que c’est un signal important pour le marché, que le gouvernement sera là pour Air Canada à long terme. Je considère ça aussi comme un point positif.
Et quand on examine la réaction du cours de l’action d’Air Canada ce matin, on constate qu’il a baissé d’environ 2 %, ce qui est beaucoup moins que la dilution implicite des actions. Je crois donc que le marché et les investisseurs acceptent très bien ces nouvelles sur le programme d’aide.
D’accord. Quel impact ce programme d’aide aura-t-il sur le Canadien moyen qui voyage avec Air Canada?
Oui. L’une des principales conditions était donc qu’Air Canada rembourse en argent toute personne dont le vol avait été annulé en raison de la COVID, que le passager l’ait annulé lui-même ou que la compagnie aérienne l’ait annulé. Donc cette disposition, ce fonds, pourra atteindre 1,4 milliard de dollars. Donc toute personne qui souhaite obtenir un remboursement, un remboursement en argent, qui ne pouvait pas l’obtenir avant, y est maintenant admissible. Donc, évidemment, c’est important pour les consommateurs qui sont restés dans l’incertitude au cours de la dernière année, parce que leurs vols avaient été annulés, et qu’ils ne pouvaient pas récupérer leur argent. C’est donc un aspect important.
Par ailleurs, dans le cadre de l’entente, Air Canada va reprendre la plupart, sinon la totalité, des itinéraires qu’elle avait annulés vers des zones régionales plus petites. Ce sera donc important pour les gens qui vivent un peu plus loin dans les régions rurales ou dans les Maritimes, où les vols avaient été complètement annulés. Donc ces gens-là, s’ils avaient dû prendre l’avion pour se rendre quelque part, ils auraient dû faire quatre, cinq ou six heures de route pour se rendre à un autre grand centre où il y aurait eu des vols disponibles, mais maintenant ils auront de nouveau accès à ces vols.
Parlons maintenant un peu de la pandémie et du déploiement du vaccin, qui a bien sûr été beaucoup plus lent que prévu au Canada. Nous avons observé une augmentation du nombre de cas récemment, d’autres variants. Y a-t-il des raisons de racheter des actions de compagnies aériennes malgré ces difficultés?
Oui, je crois que oui. Les actions des compagnies aériennes se sont considérablement redressées par rapport aux creux enregistrés en mars et en avril derniers. Je crois qu’il faudra encore quelques années avant que l’activité dans le secteur du transport aérien se rétablisse complètement. Je crois donc qu’au fil du temps, le secteur du voyage va continuer de croître et de dépasser les niveaux d’avant la pandémie.
Bien que le contexte soit difficile actuellement, je ne crois pas que ça dure éternellement. Et pour les investisseurs à long terme, je crois qu’il y a toujours lieu d’acheter et de détenir des actions de compagnies aériennes.
Et, bien sûr, le Canada surpasse maintenant les États-Unis pour les nouveaux cas de COVID-19 par habitant. Et nous sommes très loin derrière les États-Unis pour ce qui est des taux de vaccination. Croyez-vous que les actions des compagnies aériennes américaines ont une meilleure valeur relative que celles du Canada?
Écoutez, les actions des compagnies aériennes américaines se négocient, je suppose, à une évaluation relative plus faible. Et je dirais que c’est parce que, comme vous l’avez dit, le Canada a tiré de l’arrière sur le plan de la vaccination. Et les voyages aux États-Unis ont repris en fait beaucoup plus que ce qu’on voit ici au Canada.
Mais je dirais que, étant donné que le Canada a tiré de l’arrière, les actions canadiennes présentent un plus grand potentiel de hausse. Et je pense qu’au fur et à mesure que le Canada va augmenter le nombre de vaccinations et que nous allons éliminer une grande partie de l’incertitude dans ce contexte et que nous allons obtenir plus de visibilité, les actions des compagnies aériennes canadiennes auront une bonne occasion de surpasser les compagnies aériennes américaines.
Compte tenu de tout ce que nous savons, et je sais que vous en avez parlé plus tôt, à quel moment pensez-vous que les compagnies aériennes reviendront à leurs niveaux d’avant la pandémie?
Oui, c’est la question à un million de dollars, je crois. Écoutez, la réponse est que personne ne le sait, mais tout dépend du rythme des vaccinations, et si on voit de nouveaux variants apparaître, et de la façon dont chaque pays, à l’échelle mondiale, gère l’ouverture de ses frontières. Je crois que la plupart des gens du secteur laissent entendre qu’en 2024, peut-être 2025, les choses reviendront aux niveaux de 2019. Je suis généralement d’accord avec ces dates. Et je crois qu’au-delà de 2025, le secteur va enregistrer une nouvelle croissance nette. Donc, d’ici 2026 ou 2027, le transport aérien sera encore plus important qu’en 2019.
C’est une chose que nous allons certainement surveiller de près. David, merci beaucoup de vous être joint à nous.
Oui. Je vous en prie.
[MUSIQUE]
Parmi les aspects qui m’ont marqué, je dirais tout d’abord l’ampleur réelle du programme d’aide. Le gouvernement fournira jusqu’à 5,9 milliards de dollars à Air Canada sous forme de prêts et de capitaux propres. C’est donc un peu plus que ce que je prévoyais, ce qui est une bonne chose, car compte tenu des liquidités dont Air Canada disposera maintenant, elle va être en mesure d’exercer ses activités sans avoir besoin de capitaux supplémentaires pendant une certaine période, jusqu’à la fin de 2022 au moins, et probablement jusqu’en 2023. C’est donc plutôt positif.
L’autre aspect qui m’a surpris, c’est la participation de 500 millions de dollars que le gouvernement va acquérir dans Air Canada. Ça représente donc une dilution d’environ 6 % pour les actionnaires actuels. Ce n’est pas nécessairement une mauvaise chose, encore une fois, parce que je crois que ce que le gouvernement veut faire, c’est miser sur Air Canada à long terme. Et avec la participation dans des actions, il veut pouvoir profiter de la hausse.
Et vous aviez parlé un peu de la participation en capital. Pour ce qui est des investisseurs, les dispositions ont-elles d’autres conséquences sur eux? De toute évidence, ils devront assumer cet énorme prêt. Quelles autres conséquences cela pourrait-il avoir pour les investisseurs?
Oui. Je pense que lorsqu’on regarde les conditions que le gouvernement a imposées, comme les restrictions sur la rémunération des dirigeants, les restrictions sur les dividendes et les rachats d’actions, et le fait de demander à Air Canada, ou de lui exiger qu’elle n’impose aucune autre mise à pied, le gouvernement veut maintenir la main-d’œuvre au moins au niveau actuel, et ce sont toutes des sortes de normes. Il n’y a rien de trop surprenant dans ces conditions. Les taux d’intérêt des prêts qu’Air Canada va recevoir sont inférieurs aux taux d’intérêt de ses prêts actuels, ce qui est une autre bonne chose.
Je crois qu’il est important de mentionner que dans le cadre de l’entente... et j’ai mentionné la participation de 6 % que le gouvernement prendra dans Air Canada. Air Canada va également obtenir des bons de souscription pour acheter jusqu’à 14 % de ses propres actions au cours des prochaines années. Je pense que c’est un signal important pour le marché, que le gouvernement sera là pour Air Canada à long terme. Je considère ça aussi comme un point positif.
Et quand on examine la réaction du cours de l’action d’Air Canada ce matin, on constate qu’il a baissé d’environ 2 %, ce qui est beaucoup moins que la dilution implicite des actions. Je crois donc que le marché et les investisseurs acceptent très bien ces nouvelles sur le programme d’aide.
D’accord. Quel impact ce programme d’aide aura-t-il sur le Canadien moyen qui voyage avec Air Canada?
Oui. L’une des principales conditions était donc qu’Air Canada rembourse en argent toute personne dont le vol avait été annulé en raison de la COVID, que le passager l’ait annulé lui-même ou que la compagnie aérienne l’ait annulé. Donc cette disposition, ce fonds, pourra atteindre 1,4 milliard de dollars. Donc toute personne qui souhaite obtenir un remboursement, un remboursement en argent, qui ne pouvait pas l’obtenir avant, y est maintenant admissible. Donc, évidemment, c’est important pour les consommateurs qui sont restés dans l’incertitude au cours de la dernière année, parce que leurs vols avaient été annulés, et qu’ils ne pouvaient pas récupérer leur argent. C’est donc un aspect important.
Par ailleurs, dans le cadre de l’entente, Air Canada va reprendre la plupart, sinon la totalité, des itinéraires qu’elle avait annulés vers des zones régionales plus petites. Ce sera donc important pour les gens qui vivent un peu plus loin dans les régions rurales ou dans les Maritimes, où les vols avaient été complètement annulés. Donc ces gens-là, s’ils avaient dû prendre l’avion pour se rendre quelque part, ils auraient dû faire quatre, cinq ou six heures de route pour se rendre à un autre grand centre où il y aurait eu des vols disponibles, mais maintenant ils auront de nouveau accès à ces vols.
Parlons maintenant un peu de la pandémie et du déploiement du vaccin, qui a bien sûr été beaucoup plus lent que prévu au Canada. Nous avons observé une augmentation du nombre de cas récemment, d’autres variants. Y a-t-il des raisons de racheter des actions de compagnies aériennes malgré ces difficultés?
Oui, je crois que oui. Les actions des compagnies aériennes se sont considérablement redressées par rapport aux creux enregistrés en mars et en avril derniers. Je crois qu’il faudra encore quelques années avant que l’activité dans le secteur du transport aérien se rétablisse complètement. Je crois donc qu’au fil du temps, le secteur du voyage va continuer de croître et de dépasser les niveaux d’avant la pandémie.
Bien que le contexte soit difficile actuellement, je ne crois pas que ça dure éternellement. Et pour les investisseurs à long terme, je crois qu’il y a toujours lieu d’acheter et de détenir des actions de compagnies aériennes.
Et, bien sûr, le Canada surpasse maintenant les États-Unis pour les nouveaux cas de COVID-19 par habitant. Et nous sommes très loin derrière les États-Unis pour ce qui est des taux de vaccination. Croyez-vous que les actions des compagnies aériennes américaines ont une meilleure valeur relative que celles du Canada?
Écoutez, les actions des compagnies aériennes américaines se négocient, je suppose, à une évaluation relative plus faible. Et je dirais que c’est parce que, comme vous l’avez dit, le Canada a tiré de l’arrière sur le plan de la vaccination. Et les voyages aux États-Unis ont repris en fait beaucoup plus que ce qu’on voit ici au Canada.
Mais je dirais que, étant donné que le Canada a tiré de l’arrière, les actions canadiennes présentent un plus grand potentiel de hausse. Et je pense qu’au fur et à mesure que le Canada va augmenter le nombre de vaccinations et que nous allons éliminer une grande partie de l’incertitude dans ce contexte et que nous allons obtenir plus de visibilité, les actions des compagnies aériennes canadiennes auront une bonne occasion de surpasser les compagnies aériennes américaines.
Compte tenu de tout ce que nous savons, et je sais que vous en avez parlé plus tôt, à quel moment pensez-vous que les compagnies aériennes reviendront à leurs niveaux d’avant la pandémie?
Oui, c’est la question à un million de dollars, je crois. Écoutez, la réponse est que personne ne le sait, mais tout dépend du rythme des vaccinations, et si on voit de nouveaux variants apparaître, et de la façon dont chaque pays, à l’échelle mondiale, gère l’ouverture de ses frontières. Je crois que la plupart des gens du secteur laissent entendre qu’en 2024, peut-être 2025, les choses reviendront aux niveaux de 2019. Je suis généralement d’accord avec ces dates. Et je crois qu’au-delà de 2025, le secteur va enregistrer une nouvelle croissance nette. Donc, d’ici 2026 ou 2027, le transport aérien sera encore plus important qu’en 2019.
C’est une chose que nous allons certainement surveiller de près. David, merci beaucoup de vous être joint à nous.
Oui. Je vous en prie.
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